Obésité: La prise en charge globale et pluridisciplinaire et globale des patients
La perte de poids est partout ! Dans notre monde surexposé aux médias, le corps parfait et tonique s’impose à nous. Même s’il y a les courants « body positifs » qui nous demande de s’accepter tel que nous sommes… Force est de constater que le besoin de rentrer dans les cases de l’IMC parfait est toujours là en filagramme. Aujourd’hui des coachs sportifs émergent de partout et prônent le bien-être via le sport. Maigrir serait une question de volonté seule, si on en croit leurs discours. Quand la volonté ne suffit pas et que la santé est en jeu, on a recours à la chirurgie bariatrique pour amorcer la perte de poids. Mais le succès du processus de la perte de poids ne peut aboutir que si l’on prépare le patient sur différents plans, que ce soit le facteur physiologique, le facteur émotionnel, les habitudes alimentaires et les habitudes de vie. Une prise en charge globale et pluridisciplinaire est garante du succès du processus d’épanouissement dans son corps.
MEDICAL
Sommaire
1.Les facteurs physiologiques
2.L'émergence des aliments ultras-transformés
3.Les facteurs émotionnels
4.La chirurgie bariatrique et ses limites
5.Des solutions pour préparer sa perte de poids
Les facteurs physiologiques
Selon Sandra Aamodt, notre patrimoine génétique est resté sur le modèle « on stock en cas de famine ». Les hommes des cavernes étaient des chasseurs-cueilleurs, ils consommaient les aliments en fonction des saisons et de ce qu'ils attrapaient. Ainsi leur corps stockait quand il y avait abondance pour avoir de l’énergie lorsque la nourriture se faisait rare. Nous fonctionnons toujours de la même façon, mais au lieu de courir après la nourriture, il nous suffit de rentrer dans un supermarché et de remplir notre caddie.
Nos apports nutritionnels se sont effondrés, le sucre sous toutes ses formes s’est invité dans notre alimentation (y compris les produits céréaliers qui sont des sucres lents) et on a banni à tort les matières grasses. Cet apport excessif en sucre provoque un déséquilibre hormonal, notamment la production d’insuline (régule le sucre dans l’organisme), dont le niveau reste élevé en permanence. Le sucre est stocké dans les cellules graisseuses et ne sert pas à alimenter en énergie le fonctionnement du corps. En pensant combattre la graisse avec des produits dits « light » nous entretenons la graisse… Nous stockons donc pour une famine qui n’existera sans doute jamais. Ce qui engendre un déséquilibre hormonal, qui empêche la perte de poids. Une destruction du microbiote intestinal due à ce sucre excessif empêche l’assimilation des nutriments essentiels et contribue à la prise de poids et à la fatigue chronique. Qui elle-même amène à la consommation d’aliments riches pour compenser ce manque d’énergie. Lorsque nous sommes fatigués, nous avons tendance à nous tourner vers des aliments gras, salés et sucrés.
Le stress provoque une sécrétion de cortisol. Si le bon stress potentialise la créativité et l’action. Cette réaction chimique est faite pour être de courte durée. Le fait d’être en stress constant entraîne une accumulation de graisse viscérale dans l’abdomen qui contribue au processus inflammatoire et au développement de problèmes cardiovasculaires (HTA…)
Jessie Inchauspée nous explique dans son livre « faites votre glucose révolution » et son Instagram assez simplement comment la surconsommation de sucre génère l’apparition de différents symptômes (fringales, fatigue chronique, troubles de l’humeur, acné, syndrome des ovaires polykystiques, insomnies…). Ainsi nous créons des maladies par cette méconnaissance. Heureusement, les conseils simples (et documentés avec des études étayées ce qui changent des conseils donnés à la volée par certains influenceurs et coach sportifs) permettent de lisser la courbe glycémique et diminuer les symptômes.
L'émergence des aliments ultras-transformés
Dans les années 70 l’industrialisation alimentaire et l’ouverture des premiers hypermarchés a conduit à un changement de notre alimentation. Les aliments ultra-transformés ont commencé à entrer dans nos menus. Mais qu’est-ce que sont les aliments ultra-transformés ? Ce sont tous les aliments qui ont subi une transformation (soit par cuisson, processus de conservation ou par association d’ingrédients). Par exemple, un cordon bleu acheté dans le commerce est un aliment ultra transformé. On peut y retrouver jusqu’à 32 ingrédients selon les marques. Les légumes ou les préparations en conserve sont aussi des aliments ultra-transformés. Les légumes perdent leurs qualités nutritionnelles dans le processus de conservation.
Selon Érica Sonnenburg de l’université de Stanford, les aliments ultra-transformés sont des « calories vides ». Ils contiennent beaucoup de sucre et on les consomme plus que de raison car ils sont addictifs. Ils perturbent le microbiote intestinal qui intervient dans la digestion et donc dans la gestion du poids.
Le prix de ces aliments est aussi attractif. En moyenne ils reviennent moins cher que d’acheter des produits frais. Raj Patel de l’université d’Austin au Texas le confirme dans les études qu’il a mené. Ce qui peut pousser les milieux modestes à consommer ce type de produits.
Les facteurs émotionnels
Comme dit plus haut le stress provoque une production de cortisol, cette hormone du stress ! Lorsque notre confiance en nous et notre image de soi est altérée nous sommes plus enclins au stress. Notre vécu et les traumatismes que nous avons subis sont aussi des éléments qui peuvent impacter notre état émotionnel.
Ce stress se majore dès lors que notre image et notre poids occupent nos pensées. Nous allons commencer à nous comparer, certaines personnes vont développer de la dysmorphophobie (trouble de l’image de soi, le sujet se perçoit différemment de la réalité et souvent plus gros et moins gracieux que les autres).
Par ailleurs, la nourriture peut devenir une compensation émotionnelle et nous obtenons une satisfaction immédiate de notre mal-être. Mais cette compensation a un effet pervers puisqu’elle contribue à notre prise de poids… Et du coup nous nous sentons encore plus mal. La honte fait son apparition, les troubles alimentaires prennent naissance souvent à ce stade. La culpabilité amène les patients à se nourrir en cachettes et dans des quantités disproportionnées. Ceci couplé au désordre hormonal engendré par la surconsommation de sucre et vous obtenez le combo gagnant pour la déprime et la dépression.
La chirurgie bariatrique et ses limites
Dans un article publié dans la revue médicale suisse, il est démontré que la chirurgie bariatrique ne peut être à 100% efficace et amener les patients à long terme à une perte de poids suffisante. Le facteur émotionnel à été longtemps négligé. Ainsi dans les protocoles de soin bariatrique de l’hôpital universitaire de Genève, il a été intégré une éducation thérapeutique (changer des habitudes alimentaires et ses habitudes de vie) ainsi qu’un suivi psychologique afin de travailler la confiance en soi et l’image de soi en pré-opératoire. La chirurgie seule n’est pas la solution miracle.
Dans un article publié dans la revue médicale suisse, il est démontré que la chirurgie bariatrique ne peut être à 100% efficace et amener les patients à long terme à une perte de poids suffisante. Le facteur émotionnel à été longtemps négligé. Ainsi dans les protocoles de soin bariatrique de l’hôpital universitaire de Genève, il a été intégré une éducation thérapeutique (changer des habitudes alimentaires et ses habitudes de vie) ainsi qu’un suivi psychologique afin de travailler la confiance en soi et l’image de soi en pré-opératoire. La chirurgie seule n’est pas la solution miracle.
Des solutions pour préparer sa perte de poids
Ménager son sommeil : en instaurant un temps de repos suffisant et en ritualisant le sommeil le corps demande moins d’apport calorique, la concentration est possible.
Adapter son activité physique avec des objectifs atteignables et bienveillants, sinon l’abandon va vite arriver
Se faire aider par un thérapeute pour trouver l’origine des troubles alimentaires. Les thérapeutes sont là pour vous accompagner sur ce chemin. Lorsqu’on trouve l’origine des troubles, nous pouvons casser les schémas et inverser la vapeur.
Manger en conscience en cuisinant et en prenant le temps de déguster son repas ( pas besoin d’être un chef cuisinier pour ça). Reprendre contact avec les aliments, les choisir et les cuisiner nous aide à les déguster. Alors coupez votre télévision lorsque vous posez l’assiette devant vous, et mangez en conscience.
Changer ses habitudes de vie petit à petit et en toute bienveillance envers soi. Rien ne sert d’être drastique, c'est le meilleur moyen de se dégoûter et d’abandonner. Et si une rechute arrive, il ne faut pas se culpabiliser. Mais plutôt chercher à comprendre ce qui nous a amené là.
Un thérapeute peut vous aider à guérir les traumatismes du passé qui peuvent être un frein à votre épanouissement. Son rôle est de vous écouter et de cerner vos ressources afin de vous aider à construire une boîte à outils pour votre bien-être. Prenez le temps de bien le choisir et d’établir ensemble les axes de travail. Le thérapeute est là pour vous accompagner, mais c’est vous qui faites le job. Alors soyez acteur de votre changement en vous entourant des bons professionnels, car c’est une prise en charge pluridisciplinaire.
À bientôt pour un nouvel article mes petits rêveurs !
Bibliographie
Pas tous égaux devant le bypass gastrique, Rev Med Suisse 2016 ; 12 : 597-601
https://www.revmed.ch/view/449977/3824136/RMS_511_597.pdf
Pourquoi les régimes font grossir, Sandra Aamodt, édition Hugo doc 2017*Un monde obèse, documentaire Arte novembre 2022
https://www.youtube.com/watch?
v=OGikJV1DqmYhttps://www.instagram.com/glucosegoddess/?hl=fr#